Northern Cape – nouvelle série

Photographier l’Afrique du Sud, la région du Northern Cape

Pour réaliser une nouvelle série de photographies, j'ai parcouru pendant deux semaines la province du Northern Cape en Afrique du SudC’est avec un peu de retard que je vous présente la seconde des 4 séries de mon voyage en Afrique du Sud. Cette série est consacrée à une province du pays, le Northern Cape, une province au nord-ouest du pays, frontalière avec la Namibie.
Cette série est antérieure à « Orania », c’est par elle que j’ai commencé mon projet photo en Afrique du Sud, dès le lendemain de mon arrivée.

Pour ce périple d’une douzaine de jours, j’ai voyagé en compagnie de Derek Serra que j’ai rencontré depuis la France grâce au couch-surfing (un très bon moyen de rencontrer du monde et pas simplement de dormir pas cher). Derek possède la plus ancienne agence de casting d’Afrique du Sud, il est aussi photographe de mode et réalisateur de documentaire. Hémisphère Sud oblige, en juillet c’est l’hiver donc pas de boulot. Lui qui avait du temps s’est proposé pour qu’on fasse ce voyage ensemble, il avait de son côté le projet de réaliser une série de portrait de jeunes filles dans les petites villes de la région, une sorte de casting sauvage, pour le plaisir.
Nous avons donc voyagé ensemble dans son gros 4×4 et c’était très agréable.

Nous avons su trouver chacun nos moments de travail sans avoir le sentiment de passer à côté de notre projet, je crois même être allé là où je ne serai pas allé seul, d’emblée. Ca m’a fait gagner du temps.
J’ai pris un certain plaisir à faire l’assistant photo sur ses shooting de mode, un univers que je ne connais pas du tout. Mon aide n’a pas été vraiment technique, très souvent je m’occupais de recouvrir les modèles de leurs manteaux entre deux séries de prises de vues, la température étant assez souvent proche de 0°.
Derek n’avait jamais voyagé dans cette partie du pays et était amusé par les lieux et les bâtiments qui m’intéressaient.
Il a été d’une grande aide dans cette région où la langue afrikaans est la langue majoritaire. En effet si la population blanche est globalement bilingue, nombre de métisses ne parlent qu’afrikaans (lors de l’apartheid, la politique de déplacement des populations indigènes a fait de cette région une terre à population majoritairement métisse). Avant d’être photographe, et avant le changement de régime, Derek était professeur d’afrikaans dans un collège de District 6, un quartier noir du cap, il était aussi militant ANC.
Il a ainsi été d’une aide précieuse pour travailler dans les bidonvilles et a su me donner quelques clefs pour y travailler tranquillement.

Je garde de cette boucle de 2800 km des images de paysages fabuleux, de terre aride où de noirs monticules de roches rebondies ponctuent ces étendues d’herbes brûlées par le soleil. Des lieux où surgissent en un week-end des milliers d’hectares de fleurs, de l’espace, de l’air aussi vif qu’au sommet des montagnes et un horizon qui semble encore plus loin et inaccessible que d’ordinaire.

Chaque ville a son lot de bidonvilles et de luxueuses villas, mais j’ai eu le sentiment d’un pays plus apaisé, beaucoup moins nerveux que dans les grandes villes. Les communautés vivent côte à côte se mélangeant toujours très peu.  La population blanche m’a semblé moins angoissée ou inquiète qu’au Cap, mais toujours avec une forme de crispation et d’a priori lorsqu’on parle des noirs et j’étais attristé de le voir chez pas mal de jeunes (la télévision à l’américaine et l’austère dogme religieux n’arrangent rien à l’affaire).
La population noire a été pendant tout ce séjour d’une incroyable sympathie, chaleureuse beaucoup plus prompte à l’ouverture. Elle a toujours été étonnée de nous voir au milieu des bidonvilles à demander poliment l’autorisation de prendre des photos, à ce demander pourquoi un petit français avait voyagé de si loin pour venir là, chez eux.
En tout cas, le petit frenchy y a passé des moments qu’il n’oubliera jamais !

Je conseille à tout le monde de vivre une soirée au Royal, un « bar discothèque » au milieu d’un township de Prieska, bière pas chère, bonne musique (une sorte de kwaito hardcore à très grosses basses) et toute l’indolence d’une jeunesse qui s’amuse, tout simplement. Il faut juste prendre soin de partir avant que l’alcool n’échauffe tout le monde, mais ça, c’est partout pareil, au Royal de Prieska comme à l’Excalibur d’Yvetôt.